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Le Gouverneur-Général s'était porté sur les lieux. II or-
donna la retraite qui s'opéra dans le meilleur ordre par une
route bordeé de bois trés épais qui favorisa notre marcheet
sous la protection du bataillon du 2leme régiment quipar
un feu habilement dirigé et bien soutenu, tint constamment
l'ennemi hors de la portee du corps principal et nous permit
de rentrer dans la ligne sans avoir été inquiété.
Voyant que l'ennemi continuait a s'avancer, je fis mettre le
feu au pontet au même moment donnais aux redoutes le
signal pour commencer a faire jouer l'artilleriea la première
décharge l'ennemi s'ébranla, prit immédiatement la fuite et
s'enfonga dans le bois qui se trouvait a 400 toises de notre
ligne.
Ce fut dans cette retraite qu'on se trouva privé des services
du Brigadier AlbertyChef de l'Etat-major général. Cc bra
ve officier portant des ordres au bataillon de chasseursse
dirigea vers un régiment ennemi dont l'uniforme était absolu-
ment semblableil s'apergut trop tard de son erreurcar au
moment oii il faisait volte faceil regut le feu d'un peloton
entier et fut atteint de trois balles. Ses profondes blessures
lui avaient laissé cependant assez de forces pour retourner
prés du Gouverneur-Général oü il tomba alors de cheval et
d'oü il fut transporté a l'ambulance.
Quoique jusque la nous eussions perdu quelque terrain
nous avions néanmoins gagné des avantages réelsnous avions
causé a l'ennemi une perte considerable en hommesnous
avions éprouvé la valeur et la fermeté de nos troupeset
l'armée alors réuniepouvait opérer de grandes chosesmais
nous perdimes le fruit de tant d'avantages en nous tenant
enfermés dans notre camp sans nous mettre en mesure de
harceler l'ennemi et de le tenir dans le voisinage de la
mer.
Le Gouverneur assembla alors un conseil de guerre qui
fut composé du Général de brigade Jumelde tous les
Chefs de brigade et du Colonel du Génieles deliberations
qui eurent lieuloin de fixer l'irrésolution sur nos opé-
rations ultérieuresne firent que l'augmenter; lorsque