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ments sur les mouvements que l'ennemi pouvait effectuer;
il y avait lieu de croire qu'ayant établi des ouvrages pour nous
inquiéter il ferait en sorte de s'en servir avec avantage, n'ayant
d'ailleurs dans le moment d'autre occupation que de se ga-
rantir de nos effortsses forces devaient être supposées reü
nies sur ce seul point.
Vers minuit, j'eus le plaisir de voir le Général Jumel venir
prés de moi. Sa presence me suggéra d'abord l'idée qu'il
vena.it partager mes dangers II entra dans ma cabane et s'as-
sit, il resta dans cette attitude inactif jusqu'a quatre heures
du matin taudis que mon devoir me portait a visiter constam-
inent. tous mes postes. Le Gouverneur arriva alors sur les
lieux et me demanda ou etait le General Jumelje l'informai
qu'il était dans ma chambre. Soit que le General Jumel
eut entendu la question du Gouverneur, soit que le bruit
des chevaux l'eut fait sortir de sa lethargie, il parut de sui
te devant Son Excellence, qui, eu l'appercevant lui demanda
s il a.vait execute 1 ordre qu'il avait repu la veille. Sa répou-
se fut telle que je vais la. rendre, elle est trop laconique pour
I oublier et trop naïve pour en changer l'expression et trop
sincere pour la dénaturer: „Non, pas encore, Monseigneur!
mais a 1 instant cela va se faire.' Le silence du Gouverneur fut
tres expressifchacun ensuite se retira pour remplir son devoir.
Cinq heures sonnent et nos avant-postes isont attaqués.
Lm bataillon placé hors la ligne pour protéger la redoute
No oest aussi attaque inopinement, et n'a pas le temps de
se mettre en ligne de bataille pour protéger le pont de
bambou qui était pres et qu'on avait négligé de faire abat-
trede sorte que les Anglais entrèrent pêle mêle avec nos
soldats dans la ligne.
Ici je ne veux me permettre aucune reflexion; la. vérité
a dicté ce rapport et la vérité seule en fera tont le mérite.
La haine ne saurait m'inspirer. Jamais je ne m'attribuerai
le talent des autres ni ne croirai que je suis doué de plus
de lumiere qu'eux. A Dieu ne plaise ainsi que je revèle
]eurs fautes et surtout celles de mes Chefs! En executant
leurs ordres, j'ai rempli mon devoir.