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Je dirigeai alors deux pieces de 18 chargées a mitraille et
fit tirer sur ce bataillon Anglais a demi-portée de fusil, au
moment ou il se déployait. Chaque décharge faisait mordre
la poussière a des pelotons entiers. Je lui tuai tant de monde
et l'inquiétai tellement que je le forcai a changer de direction.
Je m'apercus que bientót je serais attaqué dans ma redoute
Je fis mes dispositions en coiiséquencemes forces consistaient
en 47 hommes, y compris les 25 mentionnés ci-dessus, ayant
chacun cinquante cartouches. J'étais décidé a vendre chère-
ment ma vie a l'ennemi; pour avoir un front plus étenduje
placai mes hommes a 3 pas de distance l'un de l'autrepa1'
ce moyen je bord ais la route et déja je me voyais assez heu-
reux d'en imposer a un bataillon de cinq cents grenadiers
tous Europééns. Mon feu les attirait et quoique pourvu d'échel-
les en nombre sirffisant pour tenter l'escalade, je le tins tou-
jours en échec, mais lorsque mes braves eureut épuisé leurs
cartouches, les Anglaisdont le nombre s'augmentait, enhar-
dis par la cessation de mon feu et ne trouvant plus de resis
tance, placèrent sans obstacles leurs échelles dans le fossé,
le franchirent et montèrent dans ma redoute.
Quelle tut ma satisfaction lorsque je vis cette poignée
d 'hommes, résolus de partager mon sort, se disposer a. mon ex-
emple a défendre vigoureusement l'entrée de la redoute; ils se pla
cèrent a l'ouverture et, a coup de baïonnette, résistèrent long-
temps, et ce ne tut qu'en passant sur les morts et les mourants que
1 ennemi put pénétrer. Enfin nous n'étions plus que quatre
dans la redoute, lorsque 180 grenadiers Anglais, un Colonel
et 4 officiers l'occupaient déja.
J'apercus un de nos deux bataillons, que j'avais déja ga-
ranti d'un danger imminent par la feu bien dirigé de ma bat-
terie, quitter le pont de l'avant-front en désordro, sans que
j'en connusse le motif, sans le voir poussé par des forces qui
pussent causer cette déroute.
Je ne pris conseil que de mon audace. Je courus pour
arreter cette fuite. J'abandonnai la redoute que je ne pou-
vais plus conserver. Je veux franchir le fossé, mais la natu
re sablonneuse du terrain me reculait a chaque pas, et je