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n'apercevais pas que, par mes efforts répétés a en atteindre
le sommet, j'épuisais mes forces; mais mon imagination sou-
tenait mon corps exténué. II me semblait que je pourrais ral-
Her ce bataillon et que, ayec son aide, je pourrais reprendre
ma redoute. Cet espoir ranimait mon courage, enfin j'arrivai
au haut du fosse. Je courus vers ce bataillon, mais en
démasquant l'avant-front de la redoute, je trouvai ma course
arrêteé par un Colonel Anglaisa la tête de mille Européens.
Au même instant le magasin a poudre de ma redoute
sauta et ensevelit sous les ruines les grenadiers, le Colonel
et les officiers qui s'en étaient rendus maitres. Nous fumes
nous-mêmes couverts de débris et de cendresla frayeur s'é-
tait emparée de tous les esprits.
Les Anglais s'imaginèrent que tout était miné et qu'ils
marchaient sur un volcan prêt a les engloutir.
Dès qu'ils furent un peu revenus de cette stupeur et qu'ils
connurent la veritable cause du désastre de leurs compatrio-
tes, le Colonel qui venait de me faire prisonnier, m'imputa
cette explosion; il ne se trompait pas. Avant de me préei-
piter dans le fossé, j'avais trouvé une mêcbe allumée, je l'a-
vais arracliée avec violence et jetée dans le magasin; l'effet
répondit a mon attente.
Ce fut en vain que je niai la part que j'avais eue a la
cause de cet événement.
Le Colonel qui ne comprenait pas ma langue, 11e voulut
pas m'éeouter. Je bruiais de rage. II ordonna a un de ses
officiers de prendre 8 grenadiers et de me faire fusilier. Com-
bien je regrettais alors la perte des armes qui venaient de
m'être enlevées! Qu'ils auraient payé cher ma vie!
Je m'acheminais déja vers le lieu fatal oil devait se termi
ner mon existence. Dans ce moment, le Major de ce Colonel,
suivi de 500 hommes, arriveil se trouvait a l'autre flanc
de Ia redoute lorsque le magasin avait fait explosion, et,
s'intormant de ce qu'on allait faire de moi, il fit surseoir a
mon exécution, et, plaidant ma cause avec impartialité, prou-
va que je ne ponvais être le coupable, puisque je ne m'étais
occupé qu'a la défense de mon poste, que je cherchais a me