La Légion est une création de Louis Philippe. Mais la tradition
remontait loin, car, de tout temps, la France eut des étrangers
a sa solde. Charles III par exemple possédait une garde d'archers
écossaisl'armée de l'Ancien régime comptait des régiments
anglais, irlandais, allemands, croates (le Royal-Cravate ou croate)
hongrois, polonais, suédois, italiens et, surtout, les Suisses dont
on connait le röle glorieux en bien des batailles, jusqu'a leur triste
agonie, au 10 aoüt 1792, sur les marches des Tuileries.
L'Assemblée Législative promulguait le Ier aoüt 1792, une loi
relative a la formation d'une „légion franche étrangère" composée
d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie, cette légion était formée
le 4 septembre et Augereau y était officier. Le Directoire forma
une légion italique, une légion polonaise, une légion des Francs
du Nord, une légion maltaise
L'Empire créa force troupes étrangères suisses, hanovriennes,
portugaises, espagnoles, etc. La Restauration formait, plus sim-
plement, un régiment colonial étranger. Deux ordonnances, en
1816, prescrivaient la formation de quatre régiments de ligne
suisses et de deux régiments de la Garde royale. Enfin en 1812,
création du régiment de Hohenlohe.
En 1830, après la Révolution, les régiments suisses étaient licen-
ciés. Ainsi que celui de Hohenlohe. Mais la loi du 9 mars 1831
créait bientót la Légion étrangère.
Le nouveau corps, encadré par des officiers et sous-officiers
provenant des régiments étrangers dissous ne pouvait être em
ployé que hors du territoire continentalil se recrutait par enga
gements volontaires pour trois ans au moins et cinq ans au plus,
avec rengagements d'une durée de deux a cinq ans. Les bataillons
comportaient huit compagnies de 112 hommes de même nationalité,
ce qui créait de dangereuses rivalités entre ces compagnies. A
partir de 1835, on mêla dans une même compagnie des hommes
de nationalités diverses. L'uniforme étaithabit bleu de roi, pan
talon garance, capote gris fer, képi bleu et garance, guêtres et
buffletteries blanches.
Fin aoüt 1831, les différents bataillons formés de Suisses, d'Alle
mands, d'Espagnols, de Sardes, d'Italiens, de Beiges, de Hollandais
et de Polonais, partaient pour l'Algérie. Jusqu'a la fin de 1834,
la Légion prit part glorieusement a toutes les opérations militaires
oü se trouvèrent engagées les troupes francaises, tout en travail-
lant, par des constructions, des terrassements, assèchements, etc.
a l'oeuvre colonisatrice.
En 1835, par l'effet d'un traité, la Légion fut cédée tout entière
a l'Espagne pour soutenir sur son trone Isabelle II, fille de Fer
dinand VII et de Marie Christine de Bourbon. Les légionnaires
furent fort mécontents de ce service forcé, prétendant avec raison
qu'ils ne s'étaient engagés qu'a servir la France, mais ils durent
plier, et ils se battirent en Espagne jusqu'a la fin de 1838.
1036