droite les ennemis ne s'en purent jamais rendre maitres, et ils furent obliges d'establir leur logement a 4 ou y toises de Tangle. Ce fut la ou M. de Chavanne fit tout ce qu'on pouvoit attendre d'un homme de son intrépidité, et que le pauvre marquis de St Sulpice qui étoit de jour au chemin couvert, et qui s'étoit tant distingue dans le reste du siège, combattant avec un courage extraordinaire fut blessé au travers du corps d'un coup de fusil dont ie ne crois pas qu'il puisse échaper. Une demie heure après que les ennemis eurent commencé leur logement sur les angles du chemin couvert on mit le feu a nos mines, mais il n'y en eut qu'une qui fit effet; ils avoient éventé les autres; encore l'effet n'en fut pas considerable. Pendant ce temps les fausses attaques n'eurent d'autre reussite pour les ennemis que de laisser les glacis ionchez de corps morts. II y arriva meme une chose extraordinaire: c'est qu'un de nos soldats, voyant que les ennemis plioient monta seul sur le parapet du chemin couvert vers le bas Rhin et poursuivit une troupe de trente ou quarante hommes qui restoient des leurs, iusques dans leurs tranchées. Enfin les ennemis, ayant estably un logement comme ils purent avec leurs gabions, leurs chariots chargés de facines qu'ils poussoient devant eux et leurs sacs a laine, se retirerent dans leur place d'armes, et le feu dura bien encore, une bonne heure de part et d'autre. Nous avons perdu dans cette occasion huit officiers tuez; M. de St. Sulpice, M. de Stainville, et 42 autres officiers blessés, 200 soldats tués et pres de cinq cent blessés; nous contons que les ennemis doivent y avoir perdu trois a quatre mille hommes, et ceux qui ont veu beaucoup d'attaques de contrescarpes asseurent qu'ils n'ont iamais veu un si grand feu ny si longtems continué. Quoyque les ennemis ne se fussent pas logez tout a fait sur l'angle de la place d'armes a droit de la demie lune, cependant le matin a la pointe du jour considerant que cette place d'armes n'étoit plus soutenable pour peu qu'ils élevassent leurs travaux, i'ay retiré tout ce qui y étoit, et ie me suis contenté de garnir avec trois cent hommes la demie lune de la porte du pont et mes deux bastions avec le reste de mes troupes. Quoy que les ennemis eussent retiré une grande partie de leurs morts pendant la nuit, cependant comme il en restoit un grand nombre ce matin, ils ont demandé une suspension d'armes pour les retirer, que ie leur ay accordée pendant une heure ou une heure et demie, pendant lequel tems ils n'ont point travaillé, mais toute leur tranchée a eu assez d'affaires de netoyer le glacis. Nous pousserons l'affaire desormais aussy loin que nous pourrons; cela pourra aller encore environs a trois, quatre ou cinq iours au plus. Je suis etc. COPIE D'UNE LETTRE DE M. LE MARQUIS DE BLAINVILLE A M. LE MARESCHAL DE BOUFFLERS (Ai ij54 nr 139) a Keiserswert le 11 juin 1702 a unze heures du soir Monseigneur Les ennemis n ont rien fait aujourd'huy. Je crois seulement qu'ils tra- vaillent a leurs batteries; on leur y a deja veu mener quelques pieces de canon. 689

Tijdschriftenviewer Nederlands Militair Erfgoed

NIMH | 1956 | | pagina 729