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bijlage 4£. Zie pag. £69.
DE STATEN-GENERAAL AAN MARLBOROUGH, 11 JUNI i7oy
(St.Gl 2 3 jo)
Monsieur,
Nous venons de recevoir les deux lettres de vostre Excellence, du 4e et du
7e de ce moisnous y avons vu avec bien du plaisir le bon succes de la premiere
marche qu'E'lle a fait avec l'armee vers l'ennemy, et les preuves continuelles
qu'Elle donne de sa sage conduite et de son zele pour le bien publicq, mais ce
n'est pas sans inquietude que nous voyons en mesme temps, que par la lenteur
des trouppes qui doivent venir de l'Allemagne et par le manquement des
chevaux et autres necessitez, vostre Excellence est obligé de demeurer dans
l'inaction apres ce commencement, et qu'elle ne peut pas compter combien
de tems cela durera encores.
Par nostre lettre du 8 e du courant nous avons envoye a vostre Excellence en
reponse de la Sienne du 2e passé, tout au long nos considerations sur la con-
joncture presente, remettant a vostre Excellence de prendre, de concert avec
nostre general le Comte de Noyelles, et de l'avis des autres generaux qu'elle
trouveroit bon de consulter, le party qu'Elle jugeroit le meilleur, estant mieux
en estat d'en juger que nous ne le sommes par icij.
Nous nous tenons encores aux mesmes considerations, en nous confiant
entierement a la sagesse, prudence et les bonnes intentions de vostre Excellence,
et a la capacite des Generaux qu'Elle a aupres de soijnous voudrions encores
remettre l'affaire en entiere a leurs avis, et a vostre jugement, mais puisque
vous avez voulu requerir nostre avis, nous dirons qu'a nostre sentiment le
meilleur seroit, si on pust pousser et executer les desseins qu'on a projettes du
coste de la Moselle, et si on pust pourvoir en meme temps a la seureté de nostre
Estat, mais quand il n'ij auroit point d'apparence, soit au defaut du temps
necessaire pour cela, soit par le manquement des trouppes, chevaux, necessitez
requises, subsistance, ou par d'autres difficultez, de pouvoir faire l'un et
1'autre, alors nous serions d'opinion, qu'il faudra mener le gros de l'armee, et
transferer les operations du costé des Pais Bas, comme le partij le plus avanta-
gieux qu'on pourroit prendre pour le bien de la cause commune de tous les
alliez, et comme un partij préférable a tout autre que nous puissions nous
imaginer; si vostre Excellence est du meme sentiment, Elle pourra de concert
avec le dit Comte de Noyelle, et des generaux dont elle trouvera bon de prendre
l'avis, le mettre en execution, réglant le nombre des trouppes, qu'il sera
nécessaire de laisser en Allemagne, soit pour la conservation de Treves ou
autrement, et prenant toutes les mesures qu'Elle trouvera convenir tant a
l'égard du gros de l'armee qui marchera vers ces quartiers, qu'a l'égard des
trouppes qui resteront en haut, le tout comme Elle le trouvera le plus utile
pour le bien commun, et en particulier avec reflection sur la seureté de nostre
Estat.
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