bijlage 33. Zie pag. 631.
SLINGELANDT AAN GOSLINGA
(Huisarchief Wassenaer, Kasteel Twickel)
Den Haag, Sept. 1703
J'approuve fort, monsieur, vos sentimens sages et moderez. Plut a Dieu
que bien des gens fussent animez du merae esprit, et que celui du cabale fut
banni du gouvernement. Je le soubaitte d'autant plus que je le reguarde comme
le seul moyen pour le chasser de l'armée ou il gate tout. Et puisque vous
souhaittez de savoir ma pensee touchant 1'affaire du 18 du passé, je dois vous
dire que je ne puis m'empecher de croire que, si Mons. de Slangenburg eut eté
autant d'humeur a secourir les projets du Due de Marlboroug qu'a les critiquer,
l'entreprise n'auroit pas paru aussi impraticable a bien des gens. Et par tout ce
que j'ai pu apprendre depuis, tant de notre armée que de celle de l'ennemi, et
de Bruxelles, ou Ton a d'assez bonnes correspondances, il y a beaucoup de
vraisemblance que 1'affaire eut reussi, si on avoit brusquement attaqué, au beu
de perdre le temps en consultations, ou plus tot en disputes. Du moins il paroit
certain que ce qui pourroit en arriver de pis, estait une affaire semblable a la
dernière en Italië, ou a celle de Stainkerke.
Apres tout j'aimerois mieux encor de prendre le parti de monsieur de Slan-
genbourg, que celui de messieurs les deputez, qui semblent ne pas pouvoir
disconvenir, qu'ils n'en ont pas assez fait, ou qu'ils en ont fait trop. Consentir,
qu'un general meine l'armée jusqu' en presence de l'ennemi, et puis l'arreter
tout court, paroit un procédé etxraordinaire. Il faut de la prudence et beaucoup
de bon ceur, pour prevenir une partie des suites facheuses que cette affaire peut
avoir. Je croi que tous les gens sensez avoueront, qu'il n'y a rien de bon a
esperer d'une armée constituée comme la notre.
Certain general me manda ces jours passez, qu'un gouvernement republicain
peut etre merveilleux ailleurs, mais qu'il ne vaut rien pour une armée.
Ceux de Soutleeuw ont deja demandé de capituler. Apparemment ce sera le
dernier exploit de cette campagne. Quoique mon interest aussi bien que mon
inclination me portent en Frise, je ne voi pas d'apparence que je puisse y aller
de cette année. Je m'en console avec d'autant moins de peine qu'on m'a fait
esperer que vous devez venir aux Etats Gen. vers le mois de Novembre. Ne
frustrez pas mon esperence, je vous en supplie. Je vous prie de faire a Madame
mes complimans et ceux de ma femme.
Je suis, mon cher ami, tout a vous
S. van Slingelandt.
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