743 camper derriere la Canal de Bruxelles. Dieu veulle que nous y puissions tenir si les ennemis s'en aprochent. Nous avons retire les trouppes de Louvain, ne pouvant plus le soustenir. Je ne scaurois encore dire a Vostre Majesté la perte que nous avons faite; elle verra par le nombre des officiers blesséz et prison- niers que Faction a esté rude; il est assuré que les ennemis ont eu plus degens de tuez et blessez que nous, mais ils ont plusieurs officiers prisonniers des nostres et ils doivent avoir aussy un nombre de soldats qu'ils ont pris dans nostre re- traitte. J'ay l'honneur de joindre a ma lettre la liste des officiers blessez ou prisonniers, ce qui marque assez combien ils se sont distinguez. Je pouvois parler de tous ceux qui ont combattu avec la mesme justice. Je vous supplie Sire de ne pas rendre ma lettre publique, car je puis oublier bien des circon- stances par raport aux particuliers qui meriteroient d'estre sceues. Je crois que Vostre Majesté est bien persuadée de ma douleur. Je le repette encore, vostre infanterie a combattu avec toute la valeur et l'opiniastreté qu'on peut attendre des meilleures trouppes, regaignant toujours sur les ennemis les avantages qu'ils avoient remportez. Comme l'on devoit donner le pain a l'armée ce jour la, les quaissons y estant arrivez comme Faction commenca, je donnay ordre qu'on les fit repasser au dela de Judoigne; plusieurs ont esté pris et les chevaux sauvez. Je ne scay encore ce que nous avons perdu de canon, mais il faut qu'il y en ait nombre, car il a tiré bien tard. VoilaSire un triste recit, qui m'afflige au point que je ne puis Fexprimer a Vostre Majesté. J'oubliois de luy dire que six battaillons dont trois de l'Electeur et cinq regiments de dragons qui déffendoient le village deTaviers se sont retirez a Namur. M. de Sallians me mande que des six battaillons il y en a trois de bon; c'est un petit bonheur que cela soit entré dans Namur, car par la ou ont esté nos trouppes je ne pouvois en envoyer dans Namur sans les faire passer par Cbarleroy et derriere la Sambre. J'ay mandé a M le Mar»i. de Marcin que je croyois qu'il estoit du bien de Vostre service que l'on envoya trois battaillons de ses trouppes dans Namur, lorsqu'il arriveroit a Givet pourveu qu'il eut les choses disposées a le pouvoir faire surement, car les ennemis peuvent faire le siege de Namur, ou de telle autre place de ce pays qu'ils voudront.

Tijdschriftenviewer Nederlands Militair Erfgoed

NIMH | 1959 | | pagina 785