744
bijlage io. Zie hoofdstuk IV.
DU BARAIL A. D. KONING
(Archs. Nats., Guerre Ai 1936 Nr. 225)
Brussel, 2y Mei 1706
Sire
C'est avec une douleur que je ne puis exprimer a Vostre Majesté que je
me donne l'honneur de luy rendre compte de l'affaire malheureuse et singu
liere qui est arrivée a Vostre regiment, dans sa retraitte apres le combat de
Ramellies. II estoit en premiere ligne dans la disposition de la bataille entre la
brigade de St. Suplice qu'il avoit a sa droitte et celle de Zuniga qui fermoit
la gauche.
Cette brigade fut destachee par l'Electeur et monsr le Marechal de Villeroy,
pour occupper le vilage d'atrereglise qui estoit devant elle, ou les ennemis
firent une fausse attaque, et pour lors le regiment de Vostre Majesté fermoit
la gauche que Monsr le Marechal de Villeroy laissa aux ordres de Mr de Gri-
maldy, Lieutenant general Espagnol.
Dans cette disposition les soldats fatiguez d'une marche vive et penible,
laisserent tous leurs sacs dans eet endroit selon l'usage ordinaire pour estre
plus en estat de combattre.
Les ennemis portant en suitte touttes leurs forces au village de Ramellies qui
estoit vers le centre, toutte l'attaque se reduisit a ce vilage ou les brigades de la
gauche n'eurent aucune part.
Pendant ce combat Mr de Grimaldy m'envoya ordre de porter le regiment de
vostre majesté dans le vilage d'atreglise joignant celle de Zuniga, pour ymposer
davantage aus trouppes ennemies qui estoint restees de ce costé la pour nous
contenir.
Nous fusmes dans cette disposition pendant tout le combat; enfin Mr de
Grimaldy ayant appris qu'il ne se tournoit point a l'avantage des armes de Vostre
Majesté me dit qu'il falloit sortir du vilage et rejoindre la ligne que nous avions
laissee dans la plaine entre les deux villages.
Je fis sortir chaque battaillon de son poste avec ordre aux commandants de se
former en arrivant dans la plaine et de rejoindre la ligne en bon ordre, que je
croiois comme eux dans son meme terrain. La teste de la brigade s'alongea in-
sensiblement pendant que j'estois occupé avec Mr de Grimaldy a faire desbou-
cher le reste ne doutant pas que les ennemis qui estoint a portée d'atreglise
n'inquietassent nostre arriere garde.
Enfin Sire le 4e battaillon estant passé je quittay Mr de Grimaldy et luy dis
que j'allois regagner la teste que je croiois jointe au reste de la ligne.
Je m'y portay for diligemment, et fus tres surpris en y arrivant de m'apperce-
voire que touttes les trouppes s'etoint desja retirees, et reployees sur une
hauteur assez eloignee de nous, et separee par un ravin et un petit bois tres
difficile a passer dans le front que nous occupions.
Mais Sire ce qui causa un contretems bien plus facheux, c'est que les officiers
n'estant point informez que les ennemis occupoint le vilage dont ils estoint fort
a portée, crurent pouvoir permettre aux soldats de reprendre leurs sacs ce qui
ne put se faire sans causer du desordre dans les battaillons. Je taschay dy reme-
dier et contins un nombre de soldats qui vouloint suivre eet exemple, mais les
ennemis profittant de ce desrangement firent sortir une ligne de cavallerie du