747 favorisois nostre droitte autant que je le pouvois que je voyois toujours perdre depuis les demieres charges beaucoup de terrain; le feu cessa dans tout le champ de bataille et je me vis restant seul avec les troupes que j'avois qui estoient considerables en nombre de corps, ayant devant moy onze bataillons enemis qui pouvoient me circomvaler par ma droitte, ce qu'ils n'auroient pas fait impunément, et trois escadrons de (taupe?) qui essayierent par leurs mouve- ments de me faire ebranler, et par la, diviser mes forces et mon attention. Je pris le party ne voyant plus nostre armee ny celle des enemis depuis plus d'une heure, les trois bataillons de Greder, Provance et Bassigny ne faisant pas cent hommes chacun au plus, aussi bien que les cinq rgt. de dragons et n'ayant plus de munitions de me retirer et décidé que le plus sage party estoit de sauver ce debris sans qu'il se debandast, a Namur ou je suis arrivé en bon ordre ou je scavois peu de troupes. Voyla Monseigneur ce que j'ay fait pour le mieux et cru vous en devoir rendre compte estant le seul qui le peut faire avec connaissance du motif qui me fesoit agir, qui estoit de couvrir toujours le flanc de la droitte, ce que j'ay fait toutte la journée et d'avoir l'honneur de vous dire la bonne volonté des troupes et de ceux qui commendoient ces corps qui soutinrent dans la plaine lorsqu'elles furent une fois touttes ensembles, le feu de l'infanterie enemie avec toutte la valeur possible et la continrent sans qu'elle ait jamais ausé sortir en plaine devant la celle que j'avois. Mr le marquis d'Aubigné, qui tout des premiers vint pour soutenir le rgt. suisse qui soufroit beaucoup et ou estoit le grand feu, fust tué (lorsque) je portois son rgt. de dragons; c'est, Monseigneur, une vray perte. Mr de Nautaf fust blessé tout en approchant; c'étoit luy qui avoit cette brigade de dragons; les deux autres brigadiers (d'infanterie) ont esté fait a ce que je crois prisonniers, embourbés dans le marais avant m'avoir joint l'un et l'autre. J'espère Monseigneur que sa Majesté sera contante et vous aussi de ma con- duitte dans la malhureuse action d'hyer et que vous voudrez bien la faire souvenir que depuis vingt et un ans que je serts dans son infanterie je n'ay jamais eu pour touttes graces de sa Majesté que deux nouvaux régiments a faire et le dernier par vostre ordre et que de touttes les inspections vaccantes que j'ay eu l'honneur de vous demander et ou je peus utillement servir, ou un vieux regiment, je n'ay encore peu rien obtenir. Je vous assure spendant Mon seigneur que je ne suis pas indigne de l'honneur de vostre protection et quoyque j'aye esté malhureux jusque a present rien n'est capable de m'empescher de continuer de servir comme j'ay toujours fait surtout dans ce malhureux temps j'ay l'honneur d'estre avec un profond respect Monseigneur Vostre tres humble et tres obeissant serviteur Lamote Brigadier d'infanterie

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NIMH | 1959 | | pagina 789