bijlage 26. Zie pag. 191.
SICCO VAN GOSLINGA AAN HEINSIUS
(A.R.A., Heinsius-archief 1188)
Au Camp de Digum, le 30 de May 1707
Monsieur,
Nous voila apres trois rudes marches de retour la ou on a commence de for
mer 1'armee. Si vous me demandez la raison de notre marche vers Soignies, je ne
puis qu'advouer ingénuement, que nous avons formé un mauvais plan de la
campagne. On se flattoit a rarmée, comme a la Haye, que nous serions, si non
superieurs, au moins égeaux en nombre aux ennemis, et que par consequent les
ennemis veu la bonté de nos troupes, regleroient leurs mouvements sur les
notres; c'est sur ce fondement que Milord se flattoit de pouvoir un jour faire le
siege de Charleroi, et qu'il prit le parti de s'avancer vers Soignies pour menager
les fourages autour de Charleroi, mais l'evenement n'a pas repondu a notre atten
te l'ennemi se trouve plus fort que nous, et a le coeur animé par la derniere
victoire remportée en Espagne. C'est dans cette confiance qu'il nous a laissé
faire, dans l'espérence de profiter de notre eloignement du Brabant, mais la
manoeuvre qu'on a fait l'a trompé dans son attente, tout est dans son entier, et
il faut recommencer comme si rien n'a été fait. II faut advouer pourtant, que les
trois rudes marches ont entierement fatigué l'armée; elles nous couteront des
chevaux et du monde; je crois qu'il ne nous faut rien déguiser, mais au con
traire, qu'il importe que vous scachiez le véritable état des choses. De l'autre
coté les ennemis auront de meme soufferts par une marche de six a sept heures
dans une chaleur étouffanteun tres grand nombre de déserteurs éclaircira fort
leurs ranghs aussy bien que les notres.
Voila Monsieur ou nous en sommes; on va demain a Parck, pour les raisons
exprimées dans la notre aux Etats-Genereauxvous y trouverez aussy les raisons
de notre retour, que je ne répéterai pas yci.
Les ennemis ont la mine de nous vouloir attendre dans la plaine de Fleuri
nous ne sommes pas pourtant d'opinion de les aller chercher a moins que nous
ne scachions pas que c'est la 1'intention de nos maitres.
Nous croions qu'il est expedient, d'attendre tous les renforts qu'on nous
envoye, et que l'irruption du coté de Dauphiné oblige les ennemis d'affaiblir
leur armée par quelques détachements. On coucheroit trop grande jeu d'atta-
quer dans la plaine un ennemi supérieur, surtout en cavallerie; ayez la bonté,
Monsieur, de me mander si vous approuvez cette résolution. Je suis avec un
attachement tres sincère
Monsieur,
votre tres humble et tres obeissant serviteur
S. v. Goslinga
P.S.
Nous venons d'apprendre la confusion dans laquelle se trouvent les affaires
d'Allemagne, cela ne doit il pas animer l'Etat de hasarder un combat? Un mot
de réponse au plutot, s'il vous plait Monsieur.
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