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bijlage 30. Zie pag. 2l£.
OPINION DU COMTE DE PETERBOROW DANS LE CONSEIL DE GUERRE
4 JANVIER 1706/7
(Heinsius Arch. 2237)
Pour Ia reputation des troupes et le credit des Generaux les entreprises
offensives font beaucoup d'eclat, mais souvent pour les interests publics la
defensive est plus utile.
Les circonstances requierent des efforts vigoureux dans l'ltalie ou l'Espagne;
dans l'Espagne la defensive nous assure la courone d'Aragon, mais les troupes
d'ltalie peuvent seulement donner le coup mortal, c'est a dire entrer dans la
France.
On ne peut point douter, si les francois abandonent leurs esperances pour
l'ltalie, que les grandes forces dans ce paijs-la seront utilement emploijée par le
Due de Savoije et le Prince Eugene.
On ne peut point donner des opinions positives sans savoir l'état de la flotte;
sans une puissance maritime pour le soutenir la meilleure disposition dans
l'ltalie est inutile et en ce cas on doit tout risquer en Espagne, puisque la
guerre y est d'une depence inconcevable pour les Allies.
Mais par la campagne passée on voit la difficulté de faire subsister des armées
particulierement dans la Castille et qu'il est bien dangereux de mettre le tout a
passer a Madrid devant une armée superieure en cavallerie.
II faut passer le Tage devant l'ennemij sans pontons et avec des preparacions
fort mediocres pour une telle entreprise. Les precipices de cette rivière sont des
fortifications naturelles; si de la part d'Aranjuez il ij a des plaines, dans ces
situations il est presque impossible de passer devant une armée en bataille sans
l'assistance d'une trés grande artillerie et il est trés facile a une cavallerie
nombreuse d'empêcher les provisions necessaires dans un pais, qui n'est point
abondant.
Si on marche avec les troupes pour avancer dans la Castille vers Madrid, sans
les precautions necessaires pour la defence de la Cattalogne, il faut ou gagner
Madrid, ou tout perdre.
On peut douter si la prise de Madrid (sans detruire l'armée ennemie) avec
la perte de Catalogne peut estre decisive, mais la perte de Catalogne paroit
indubitable si les places ne sont point mieux pourveues et fortifiée et si on
n'envoije point des troupes dans la Catalogne ou dans les parties de l'Aragon
proche de la frontière, qui peuvent servir en mesme temps pour embarasser les
secours de la France et pour soutenir les places fortifiée de la Catalogne.
Si on peut esperer une force maritime superieure de bonheure dans ces mers,
il ne paroit aucune necessité pour des mesures téméraires et la moindre dis
grace ou les grandes fatigues peuvent donner a nos troupes l'humeur de deserter
et les ennemijs doivent leur en donner toutes les facilitez, quand ils seront dans
une situation a propos pour se sauver.
Sur tout la defence de la Catalogne paroit necessaire. Les intelligences
assurent que des troupes nombreuses viennent dans la Roussillon et qu'on
forme des magazins trés grands de ce cöté-la, aussi bien pour les amunitions de
guerre que les provisions pour l'infanterie et cavallerie.
Enfin on ne peut offrir des meilleurs avis sur ce sujet, que les opinions du Due