BIJLAGE Zie pag. 629. VEGELIN VAN CLAERBERGEN AAN HEINSIUS (A.R.A., Eleinsius-archief 1J4.5) Bevri, 2 Aug. 1710 Monsieur, J'étois avant hier a Douay pour quelques affaires du Conseil. On nous a dit l'apres midy la marche des ennemis. Je crus la bataille a coup sur ou de leur cotéou du notre. Ainsi je m'en alia au plus vite a l'amiée, ou j'arriva hier au matin. J'etois bien surpris de voir tout en tranquillité, et les ennemis campés a une lieue de chez nous. Le camp de Lens seulement avoit rejoint, et 1'armee avoit fait un mouvement pour border l'eau ou plustot le fonds de l'Escarpe. J'eus in continent 1'occasion de trouver les Princes, et de parler un mot avec eux sur la situation presente, et celle qui venoit de passer, mais ils me donnoient assez a connoitre, que si l'ennemi ne venoit pas a nous, nous ne l'irions pas cher- cher chez luy. Voila done une epoque considerable de la campagne passée. La pluspart et quasi tous nos generaux donnent la faute aux deux Princes de n'avoir pas fait a temps les dispositions necessaires pour empecher cette sortie des lignes, et tomber sur les ennemis dans leur marche, qui a l'ordinaire est fort confuse. Moi j'attribue l'indolence de nos chefs a une autre raison. C'est a dire aux inclinations qu'on temoigne a la Haye de ne vouloir rien risquer, et aux lettres qu ils recoivent des plusieurs mains la dessus. Ils ne laissent pas aussi eux memes de le faire paroitre a l'un et l'autre, que c'est a cause de la Republyque, qu'on va bride en main. Ils alleguent une autre raison, qui est de nous devoir contenter avec le plan fait pour la campagne. Ce plan est selon le rapport qu'on m'en a fait, car je ne le sqais pas des Princes memes, Air, St. Omer et Boulogne. £a m'a eté un coup de foudre que de l'entendre. Je n'ay Sfu jusques ici quelque autre plan que celuy de Hedin apres Bethune, et on a fait deja quelque fond la dessus; s'il est change par le voyage de Cronstrom, c'est ce que j'ignore. Mais le voila change de force. L'unique trou par lequel on pouvoit percer vient d'etre bouché, et je prevois des nouvelles lignes depuis Arras jusques a la mer. Dieu veuille qu'apres ce siege on puisse penetrer quelque autre part, car si on se doit contenter avec les villes a la droite, qui ne laisseront que de couter cher, je compte toute la campagne pour peu de chose. Enfin, monsieur, je ne serai pas assez fou (aussi seroit il trop tard a present) de mendier des Princes une bataille contre les sentiments de la Elayemais pour mon petit particulier je ne vois pas, comment sortir de ce nouveau labyrinthe, qu'en risquant ou si on ne le fait pas cette campagne, je prevois que la prochaine (s'il faut y venir) on animera les generaux et deputez de meme qu'avant la bataille des Ramelies. Pardonnez moi, Monsieur, si je raisonne si librement dans une affaire de telle importance. II me semble que le depart des ministres a Geertruijdenberg auroit pu changer un peu notre these, et qu'une fierté de notre coté comme elle vient a present de celuy de l'ennemi les auroit pü faire repentir de leur chemin. Mais il n'est plus temps d'y songer; il faut attendre avec patience, si le plan dont on m'a informé est le veritable, ce que je n'oserois croire, ou si 806

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NIMH | 1959 | | pagina 848