redans a cinq ou six cent toises de Bouchainle premier tenait le milieu entre
la Cense de Bouchenaux et la justice, le second approchait de la dite justice,
et le troisième tendait a la Garenne. S'ils eussent pris le parti de les communi-
quer on eut regardé ce travail comme une parallele contre la place afin de la
resserrer de plus pres.
Le 17 aout a l'entrée de la nuit les affaires changèrent de face. La com
munication par les marais fut attaquée et prise a peu de vraison doute que les
detachements de notre armée s'y soient bien conduits, puisqu'ils se retirerent
promptement; eet exemple ne fut pas suivi par les postes de la garnison de
Bouchain. lis y passerent la nuit et le jour entier du 18 pour laisser agir la
reflection, mais Mr le Ms de Ravignan s'etant aperceu qu'on ne se disposait pas
a retablir ce contretemps, brüla les bois des chaussées, rapprocha les troupes
de la place, fit des coupures et des epaulements de fascines, avec des abatis
dans les avenues afin de veiller sur les mouvements dans cette étendue. Des
qu'il fallut renoncer a toute communication, on comprit Bouchain abandonnée
a ses propres forces, la garnison composée de plus de trois mille hommes,
quoique fatigues, fit pourtant esperer de tout sacrifier pour y bien servir le Roy
par une défense honorable.
La perte de la communication ayant délivré les ennemis des sujections les
plus épineuses, en abusèrent la nuit du 18 au 19; non contents de négliger de
joindre par une ligne les redans de Mastaing, de la justice et de la Garenne, ils
en ouvrerent deux autres a la chapelle dans le chemin de Douay a cent cinquante
toises de la palissade; ce travail tendant a une subite ouverture de tranchée,
Mr le chevalier de Selve et Mr le marquis de Ravignan jugèrent de l'importance
de réprimer cette demarche. Le 19 a midy ils y envoièrent cinq compagnies de
grenadiers, soutenus de cent fusiliers commandés par Mr le chevalier de
Ravignan; cinquante hommes qui y étoient n'attendirent pas de pied ferme;
on en tua et blessa plusiers, et on fit deux prisonniers. Nos troupes y resterent
en battaille pour donner temps aux travailleurs d'aplanir ces deuz ouvrages,
sans que les assiegeans s'y soient opposés que par le feu des premiers redants,
d'ou ils pouvoient déboucher avec facilité. On y a laissé un poste afin de mieux
observer ce qui pourroit concerner la suitte de la tranchée.
Le 2o et la nuit suivante, il n'a eté question que du transport des fascines sur
la communication des ennemis dans le marais, depuis le Sensay jusqu'a l'Escaut
pres Hourdin. Ce long travail nous a procuré le temps de corriger les premiers
ouvrages de la basse ville, ceux de la seconde et troisième enceinte, et achever
le retranchement ji (in marg)Entre les pieces 16 et 17, le parapet 38, 39,
la lunette du Saussoir y2, le redent du rideau 33, les lunettes 34, yy, la butte 36,
le logement 57, le redent du Sensay 38, la traverse 39, un parapet nouveau dans
deux faces de la lunette des Recolets 32, du costé des marais, avec les epaule-
mens 60, 61, precedés d'un abatie d'arbres croisées dans les avenues 62, 63.
Le long costé 12, 46, 48, 21 qui meritoit attantion, a eté disposé en parapet
contre le mousquet. On ne s'est pas détourné de la préference d'elle aux
poudres, aux armes, aux autres munitions et vivres mis en seureté dans les
souterrains, ou on a construit deux fours, aux communications de tous les
dehors, aux ébauches des mines et des batteries, et a moudre des grains. Le
développement d'un cahos d'abord si confus est deu aux ordres de Mr le
chevalier de Selve et de Mr le marquis de Ravignan, aux soins des officiers de
caractère, et de tous ceux de la garnison qui s'y sont generalement livrés avec
une volonté parfaite.
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