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Du 2i au 22 Aoust il fut adjouté un quatrième redent entre la chemin de
Mastaing et celuy de la Justice pour mieux asseurer les postes et favoriser avec
plus de precaution la tranchée absolument déclarée du 22 au 23, a la droite
pres le redent de la Garenne et a la gauche en deca du redent de Mastaing a
dessein de se joindre en paralelle pres de la chapelle, ou nos grenadierz postés
dès le 19 firent une longue et ferme contenance malgré le désavantage du
chemin creux.
La meme nuit les ennemis ouvrirent un grand boyau sous le village de Lieu
St. Amand d'ou ils étendirent une paralelle dirigée devant la première enceinte
de la basse ville ou notre manière de nous presenter contribua a y fixer une
attaque reglée, a six vingt toises de distance de la demy lune de la teste.
Nostre grand feu n'ayant pas permis aux assiegeans de communiquer la
droite de l'attaque de la haute ville avec la gauche, l'intervale engagea Mr de
Selve et Mr de Ravignan de faire sortir six compagnies de grenadiers soutenus
de deux cent fusiliers, qui par la gauche nettoyèrent la tranchée et poussèrent
les ennemis jusqu'a la cense de Boucheneux, sans que la cavallerie qui s'estoit
mise en mouvement ait osé s'engager. Cette action a eté conduite avec vigeur
par Mr de la Chaux qui commandoit; Mr de Senneterre s'y est bien comporté;
Mr Berive lieutenant colonel, Mrs Bevilé, La Caze capitaine de grenadiers
deus foix, La Couture, Rambervillede Laonnois, Chabreuil de La Chaux et
Franclieu du regiment de Senneterre y ont rempli leur devoir, ainsi que Mr Le
Maine, capitaine du regiment de Piemont qui etoit entré dans la place par ordre
de Mr le Marechal de Villars. On n'est pas instruit de la perte des ennemis,
mais nos grenadiers apres avoir tué et blessé un grand nombre d'hommes
accordèrent la vie a dix ou douze qu'ils menerent prisonniers, et qui furent
renvoyés le lendemain avec toute l'humanité desirable.
Le 24 a dix heures du matin ayant eté observé que l'attaque de la gauche qui
tendoit au bas Senzay n'estoit pas bien conduite ny soutenue, un capitaine
sortit avec trente fuziliers qui renverserent les ennemis, les obligerent a
abandonner la tranchée ou ils ne revinrent qu'en se montrans avec les drapeaux
et des corps entiers, sur qui le feu du chemin couvert et des ouvrages produisit
un grand effet.
Du 24 au 2£ le centre de l'attaque de la haute ville fut joint en traversant un
terrain bas, non veu du chemin couvert ny des ouvrages. Mr de Polignac et
autres Mrs de l'artillerie y plongèrent avec le canon de la place, de manière
que la droite ne changea point d'estat, et la gauche fut foiblement poussée
dans les ruines du village du Saussoir, a cause du feu de revers qui partoit de
l'Isle, de concert avec celuy des lunettes et de la palissade. A l'attaque de la
basse ville on commenca a deux boyaux débouchés de la paralelle pour em-
brasser la demy lune de la teste par la droite et par la gauche, et on y demasqua
trois embrazeures.
La nuit du 2$ au 26 la tranchée de la droite de la ville haute passa entre le
logement 37 et le redent 38, dont on retira quinze hommes qui le gardoient.
La gauche ouvrit deux sappes vers les lunettes 32, 34, mais qui furent arrestées
par deux sorties qui reussirent, sous le feu continuel des ouvrages. Dans le
meme temps les ennemis s'appliquèrent a descendre la droite de la tranchée de
la basse ville du costé de la mazure joignant les prairies. Le centre avanca vers
I angle saillant de la demy lune, asseurant la gauche par deux petites parallelies
de trente toises de longeur entre le grand chemin et l'Escaut.
Plusieurs sorties repetées sur la droite et sur la gauche ne rebutèrent pas les