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de plusieurs provinces, dont quelques unes se ressentent encor a present
presqu'autant de la suite de ce malheureux accident que des charges accablantes
de la guerre.
Cependant tout cela n'a pas empeché l'Etat de faire des efforts si extra-
ordinaires dans l'esperence de finir par la plus promptement la guerre, et
d'augmenter tellement ses trouppes a mesure qu'on voyoit plus d'apparence
que l'ennemi ne pouvoit plus supporter le fardeau, que l'Etat se voit a l'heure
qu'il est chargé de 128 Bataillons et de 140 esquadrons, faisant entre 130/met
140/m hommes, ainsi qu'il paroit par le dénombrement ci joint, au lieu qu'il n'a
jamais paijé ci devant plus de 86 battaillons et de 101 esquadrons ou de 94 534
hommes, y compris quelques comps. détachées.
II est constant, que le moins qu'un battaillon qui fait campagne, comme font
toutes les trouppes d'augmentation, coute par an, tant ne gages ordinaires qu'en
recrues, chariots, fourage, hópitaux et autres extraordinaires, est 140/m fr.,
et un esquadron 8o/m, par ou il est aise de juger de 1 augmentation de depense
que l'Etat a faite par dessus la guerre precedente, pour soutenir celle-ci avec
une vigeur toute extraordinaire.
L'on ne scauroit dire precisement combien de battaillons et de esquadrons
sa majesté Brittannique a actuellement a son service. Mais puisque le nombre
des battaillons qui sont aux pais bas ne passé pas les 6^, et celui des esquadrons
les 82, il paroit plus que probable que la Republique paije un bien plus grand
nombre de trouppes que la Reine.
Mais quand même on supposeroit que le nombre de trouppes est a peu prez
egual, il est incontestable qu'il y a une tres grande inegualite de Puissances
entre les deux nations, et par consequent il est necessaire que la Grande
Bretagne se charge considerablement plus que l'Etat pour le support de la
guerre d'Espagne et de celle d'Italie, pour qu il y ait quelque espece de propor
tion entre les deux nations dans la totalite de la depense.
Cela paroit d'autant plus raisonnable que l'Etat porte presque seul et sans
concurrence de la grande Bretagne les frais extraordinaires des operations de
campagne aux pais bas, lesquels montent to us les ans a de tres grosses sommes,
surtout a cause des frequens et longs sieges, comme il seroit aisé de le justifier.
II est vrai que l'Etat profite, a l'exclusion de la Grande Bretagne, des con
tributions, et du revenu des conquêtes, mais rien n'est plus aisé que de montrer
qu'il n'y a nulle comparaison entre le profit et la dépense, vu la desolation
totale du plat pais par les deux armées, et les fraix des guarnisons, et autres
logemens de gens de guerre, de la répération des fortifications ruinées et
endommagées par les attaques, de l'artillerie et munitions, dont les places,
prises apres un long siège, sont tout a fait dépourvues, et d'un infinite d autres
dépenses. Si bien que, par rapport au profit, il seroit fort de 1'interest de
l'Etat de partager avec la Grande Bretagne le revenu des contributions et des
places conquises a condition qu'elle partage avec l'Etat la dépense extra
ordinaire de la guerre aux pais-bas.